La médiation sensible, une approche pour déguster autrement

Cet article explore la dégustation de vin et de boissons de gastronomie sans alcool à travers le prisme de la médiation sensible.

La dégustation est un acte de transmission sensorielle et poétique, une médiation sensible. Cette approche émergente place le corps, les émotions et l’écoute au cœur de la relation aux publics. Appliquée au vin, à la gastronomie, elle ouvre des chemins passionnants : ceux du lien et de l’expérience partagée.

Cet article s’adresse tout particulièrement aux musées et institutions culturelles souhaitant intégrer la dégustation comme un outil de médiation sensible. Il s’adresse aussi aux domaines viticoles désireux de proposer des expériences de dégustation inclusives, en dehors des sentiers battus.

La médiation sensible est directement reliée à la pratique de la dégustation. Dans un contexte muséal, la dégustation enrichit les expériences sensorielles et permet d’élargir les publics. En dégustation, il est essentiel de légitimer tous les ressentis. Cela revient à adopter une posture inclusive tout en créant des expériences vivantes et partagées.

(c) Chloé Magdelaine, Lafayette Anticipations 

La médiation sensible : une approche émergente

Déguster est un geste vivant, politique et joyeux. C’est en tous cas mon parti pris avec Elskan. Et c’est au Festival de la médiation culturelle, au printemps dernier à Lyon, que j’ai pu mettre un mot sur l’approche dans laquelle s’inscrit ma démarche : la médiation sensible.

Une réponse à une crise du sens

Le concept de médiation sensible est encore jeune, mais il est porté depuis plusieurs années par un groupe de réflexion international (France, Belgique, Suisse, Canada) réuni sous l’égide de l’ICOM (Conseil international des musées). Ce groupe réfléchit chaque mois à de nouvelles façons de penser la médiation, en réponse à une crise du sens, de l’attention et du rapport au savoir.

Corps, émotions, imaginaire, résonance

La médiation sensible repose sur quatre piliers fondamentaux :

  • Le corps
  • Les sens
  • L’émotion
  • L’imaginaire

Et elle s’ancre dans quatre notions essentielles :

  • L’accueil
  • L’hospitalité
  • Le bien-être
  • La résonance

Avec la médiation sensible, il n’est pas seulement question de « faire passer un message », mais de créer un espace d’expérience partagée, où chacun est légitime dans son ressenti.

Cette approche m’a profondément touchée car c’est exactement ce que je cherche à faire vivre avec les dégustations que j’imagine autour de l’art, du vin et des boissons de gastronomie.

(c) Chloé Magdelaine, Lafayette Anticipations 

Le vin comme expérience sensorielle et outil de médiation

Une dégustation, c’est bien sûr un moment d’apprentissage, mais c’est aussi un temps de présence, de partage et d’écoute. Dans cette dynamique, le vin est aussi un objet de médiation sensible et la plus jolie incarnation que je connaisse en la matière est l’approche de la sommelière Pascaline Lepeltier.

L’approche de la sommelière Pascaline Lepeltier : ressentir avant d’analyser

L’été dernier, j’ai eu la chance de participer à une dégustation guidée par Pascaline Lepeltier à Savennières. Ce jour-là, Pascaline n’a pas parlé directement de médiation sensible, mais j’ai compris que sa vision en est une traduction évidente dans le monde du vin. Elle invite à « évaluer la caisse de résonance d’un vin », à sentir comment un vin nous touche, ce qu’il évoque en nous, au-delà des grilles d’analyse figées. Elle décloisonne les savoirs, convoque les émotions et laisse toute sa place au corps et au silence.
« Déguster, c’est se relier. À la terre, au vivant, à soi, à l’autre », nous dit-elle.

Son approche comporte des lignes directrices similaires à celles de la médiation sensible : une posture d’écoute, une invitation à ressentir plutôt qu’à tout connaître, et un partage des perceptions inclusif. Ces principes m’inspirent énormément pour les dégustations que j’imagine.

Déguster avec attention : corps, silence et écoute de toutes les émotions

Lorsque j’organise des dégustations, je crée un espace d’attention et de présence, un temps pour ressentir et explorer les émotions.

Les participants goûtent, observent, écoutent et parfois se taisent. On peut décrire un vin comme « joyeux » ou « timide » sans justification intellectuelle. L’objectif est de sortir des codes figés pour s’immerger dans un moment de résonance et de partage. Ma démarche relève également de la médiation sensible.

(c) Chloé Magdelaine, Lafayette Anticipations 

La médiation sensible, un choix poétique et politique

La médiation sensible s’inscrit dans une culture de l’accueil et du lien plutôt que du savoir figé. Choisir la médiation sensible, c’est aussi politique. C’est refuser que la culture, le vin ou la gastronomie soient réservés à celles et ceux qui « savent ». C’est ouvrir un espace accueillant, joyeux, émancipateur et inclusif.

Transmettre sans dominer : une démarche d’émancipation

Que ce soit dans les grands chenins ou dans la parole d’une vigneronne ou d’une artiste, je cherche toujours à créer du lien entre les êtres et avec le vivant en transmettant sans dominer. La médiation sensible intègre que rien n’est neutre, mais que tout ressenti est juste.

Transmettre autrement

Pour les musées, les événements culturels et les domaines viticoles, la médiation sensible enrichit profondément les pratiques. Légitimer chacun dans son ressenti, c’est élargir les publics et offrir des expériences inclusives et mémorables.

Si vous souhaitez explorer cette approche et concevoir des formats où les émotions, les sens et l’imaginaire ont toute leur place, je peux vous accompagner dans la construction de moments de transmission sensibles et vivants. Contactez-moi !


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